+ Made in Seoul +
Mon histoire commence bien avant ma naissance. Elle commence le 23 Octobre 1991, date à laquelle mes parents se sont rencontrés. Exactement, leur rencontre a eut lieu à peine plus d'un an avant ma naissance, je vais vous expliquer. C'était à Paris, dans le restaurant le Grand Véfour. Tout avait été organisé à l'avance, la rencontre de mes parents n'avait donc rien de romantique, un rendez-vous arrangé, un mariage arrangé, rien de plus. Cétait plutôt courant dans mon pays, dans mon milieu.
Ma mère étudiait l'histoire des Arts à Paris, mon père faisait des études de commerces et d'électronique. Au départ mon père trouvait sa futur femme peu soignée, et il lui fit savoir. Le soir même ma grand-mère lui rappela ses responsabilité et lui assura que son comportement était inacceptable. Alors le lendemain il est venue s'excuser auprès de ma mère, en lui offrant une pommes, comme c'est la coutume en Corée.
Leur union fut célébrée quatre mois après cette rencontre. La messe, la fête et ils s'envolèrent pour St Pétersbourg.
La suite n'est pas très joyeuse. Mon père et ma mère consommèrent leur mariage, l'atmosphère était pesante. Pesante aussi à chacune de leurs discussions. Pesante aussi à chacune de leurs sorties. Kwang Ho emmène alors sa femme Suk Hee dans un musée. Au début ils ne se parlent pas, ne se regardent pas. Leur visite les amène devant un tableau de Van Gogh, « Lilas ». Mon père pensait passer devant la peinture sans s'arrêtera, ma mère reste figée devant. Alors il la questionne. Elle dit qu'elle est sensible à cette œuvre, qu'elle y voit une volonté de résister dans la tempête. Elle dit que la peinture lui fait mal dans la poitrine. Mon père l'enserre ainsi, pour la rassurer. Ils reprennent leur marche, mais pendant le reste de la journée ils ne parleront plus que de ce tableau.
Quelques jours plus tard ils reviennent au pays, pour commencer leur nouvelle vie.
Très vite ma mère tomba enceinte. Très vite elle finit par se rapprocher de mon père. Très vite ils décidèrent ensemble que la jeune sœur de mon père serait ma marraine.
Tout allait trop vite
Ma tante passa son test d'entrée à l'université. Elle n'obtint pas le résultat espéré. Mes grands-parents se sentirent humiliés et lui firent bien comprendre qu'elle avait déshonoré la famille toute entière. Elle décida donc de mettre fin à toute cette pression. Elle décida de mettre fin à ses jours.
Tout allait trop vite.
Sa tentative de suicide s'est soldé par un échec, « comme tout ce qu'elle entreprend ». Elle n'est pas morte ; pas vraiment. Les médecins ont réussis à soigner ses plaies et sauver ses organes. Mais elle ne s'est pas réveillée. Pourtant son cœur battait, elle respirait sans assistance. Mais elle se ne réveillait pas. Pendant sept ans elle est restée ainsi, dans le coma, dans les limbes, quelque part entre l'éveil et la mort. Pendant sept ans elle est restée ainsi, jusqu'à ce qu'elle finisse par mourir, sans explication. mon père en a terriblement voulu à ses parents durant ces sept années. Il jugeait sa famille responsable. Alors, pour les punir, pour montrer qu'il était contre toute cette culture de l'excellence, et pour se démarquer d'eux, il choisi de ne pas me donner un prénom coréen que je porterait tout au long de ma vie comme un fardeau.
- Spoiler:
Car les prénoms coréens ont une lourde signification, la croyance veut qu'un prénom est lié au destin de la personne et il n'est pas rare que les familles fassent appelle à des spécialistes dont le métier est de choisir un prénom pour l'enfant en fonction de différentes croyances ainsi que de la date et l'heure de naissance.
Il choisi de m'appeler « Lilas ». Ce mot n'est pas vide de sens. Il représente le moment où l'homme qu'il est a rencontré la femme qu'est ma mère. Il l'avait fait savoir à ses parents, qu'il ne respecterait pas la tradition, mais ils ne l'en croyaient pas capable.
Finalement il l'a fait. Je suis venue au monde et ait été prénommée « Lilas ».
+ Made in Seattle +
Je ne me rappelle pas bien de mon enfance, mais je suppose qu'elle fut heureuse. Je me rappelle juste de quand nous allions voir ma tante à l'occasion des fêtes, et que je devais saluer une femme qui dormait tout le temps. Quand elle est morte mon père a partagé son chagrin avec sa mère et son père. Petit à petit j'ai fait connaissance avec le reste de ma famille. Il a fallut du temps mais les relations familiales ont finis par se restaurer.
Le reste de cette histoire est assez banale. j'ai grandis, j'ai étudié; j'étais une petite fille très sérieuse. Mes parents m'ont beaucoup protégée ; des garçons, de la pression, de l'abus de sikhye...
Quand j'étais petite je voulais être dresseuse de papillon, puis joueuse professionnelle de gayageum. Un moment j'ai même rêvé d'être présidente et de réunifier les deux Corée. Au final je suis allée à l'Université de Yonsei pour faire médecine.
Là-bas, à l'université, tout à changé. C'est comme si une nouvelle histoire s'écrivait, toujours la mienne, mais totalement différente de la première. j'ai rencontré Lee Song Hwan, il étudiait aussi à Yonsei. Il a été le premier que j'autorisais à m'embrasser. Plus tard il a été le premier que j'autorisais à me déshabiller. Aujourd'hui il est celui que j'ai promis d'épouser un jour. Mais j'ai toujours voulu continuer mes études aux États-Unis, quand étudier sur un autre continent n'a jamais fait parti de ses projets. Nos chemins se séparent donc un temps. je vais à Seattle, lui non. Espérons que l'expression occidentale « loin des yeux, loin du cœur » ne s'applique à nous. Et j'espère aussi que je ne vais pas me sentir trop seule, là-bas, à Seattle.