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On dit que le prénom à avoir avec le destin, qu’il raconte notre histoire. Ce n’est pas par hasard que l’on porte un prénom, il dit quelque chose de nous, de ce que nos parents veulent que l’on accomplisse. Les prénoms ont la lourde tâche de porter sur leurs simples lettres tout un destin, toute une vie. Beaucoup pense que ce ne sont là que légendes et fabulations de conteurs. Mais derrière chaque prénom se cache un passé, un présent et surtout un futur. Quelque chose de mystique accompagne ces prénoms aux mille desseins possibles. Celui qui se connaît, connaît l’univers tout entier. Mais qui oserait prétendre comprendre la symbolique de son prénom ? Ce que l’on attend de lui ? Ce qu’il est voué à accomplir ? Est-ce notre prénom qui détermine notre penchant vers le Bien ou le Mal ? Ne serait-on finalement pas que de simples pions sur un échiquier qu’une main Céleste – notre Destin – déplace ? Alors ces choix que nous croyons prendre, provoquent-ils autant de conséquences que l’on veut bien nous le faire croire ? Le simple battement d’ailes d’un papillon peut-il engendrer une tornade, quelque part ailleurs ? Et si finalement cette tornade, c’était chacun de nous ? Et si nous étions les propres acteurs de notre vie et non plus une conséquence d’effets aléatoires ? Ainsi, cela signifierait que notre Histoire est un livre à pages blanches qu’il nous faudra remplir tout au long de notre vie. Ce livre n’aurait pas de fin tant que quelqu’un continuerait de le faire perdurer à travers le temps, en le lisant ou même en le complétant… Chaque livre serait différent… Tous aurait un titre évocateur et définirait ce que nous sommes, ou du moins, ce que nous avons tenté de devenir. Néanmoins, tous les livres commencent de la même manière… « Il était une fois »…
Comment ferons-nous ? Il posera des questions un jour. Sa mère, une femme admirable, même si elle n’avait jamais réellement su comment gérer les choses. Toujours est-il que, ces gens assis dans un salon aux murs d’une couleur indéfinissable et écœurante, étaient les futurs parents de Camille. Natalia et Thomas Brown. Une russe et un américain comme on en voit peu de nos jours, des gens biens, élevés avec des valeurs qui feraient froid dans le dos. Ce genre de couple n’existait certainement plus aujourd'hui : des adolescents amoureux depuis leurs dix sept ans, qui finalement décidèrent de se marier à l’âge de vingt et un ans. Un amour épique, espéré par leurs familles respectives. Ils avaient eut raison d’espérer. Quoiqu'il en soit, au bout de six belles années de mariage, ils apprirent qu’avoir des enfants naturellement, n’était plus possible. L’adoption restait leur dernier choix, afin de réaliser leur rêve de fonder une famille. Ils signèrent les papiers ce jour là, acceptant de prendre Camille chez eux, de l’élever comme si c’était leur fils. A cette époque, il n’était âgé que de six mois à peine. Sa mère avait tout de même de nombreuses inquiétudes, les inquiétudes d’une mère adoptive. «
Ne t’en fais pas, nous avons le temps de nous préparer à cela. Son père était un homme pragmatique, plus posé, jamais il n’avait pris le temps de se demander comment ils feraient. Pour lui, ce n’était pas pressant.
J’espère qu’il comprendra, qu’il ne doutera pas de notre amour pour lui. Sa mère, toujours inquiète du si, du pourquoi, du comment. Un cœur en or.
Chérie je t’en pries. Nous lui dirons dès qu’il sera prêt, et crois moi cet enfant ne pourra jamais douter de notre amour, il est bien trop aimé. Son père disait vrai, Camille avait eu une chance folle : ses parents l’ont aimé d’une façon inconditionnelle, lui ont donné tout ce qu’il pouvait désirer, faisant de lui un homme complet et surtout ayant des valeurs.
Tu as raison. Regardes-le, il est magnifique. » Ce sourire qu’elle avait ce jour là, ce même sourire que le petit vit tous les soirs en allant se coucher, chaque matin au petit déjeuner, et cela pendant des années. Ce sourire qui est tout ce qu’il aimerait revoir, tout ce qui lui manquait. Son parfum, son sourire, ses yeux, son rire, toutes ces petites choses qui manquent, blessent, tuent à petit feu une fois disparues.
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C’est tout ce que je dois faire ? Une voix parfaitement masculine parlait doucement dans l’ombre d’un couloir. On était le jour de la fête nationale aux Etats-Unis, et ce soir, Jonah n'allait pas seulement fêter la commémoration de cette victoire, mais également celle de son admission au sein de l'armée américaine.
Oui c’est tout ce que tu as à faire. Tranquillement un sourire avait percé les lèvres de son voisin. Il en tressaillit presque. Avait-il suffisamment réfléchit face à cette décision ?
Et si je refuse de partir, une fois mon contrat signé.. Il avait senti le besoin de poser la question, d’avoir la confirmation de ce qu'il craignait. Il n’était pas non plus sûr à trois cent pour cent de son choix, sachant que sa vie allait être mise en jeu maintenant. Néanmoins, il avait vite saisi un point -après un hochement de tête négatif de la part du recruteur-, une fois qu'il confirmerait sa décision, il ne pourra plus revenir en arrière :
never. Etait-il con ?
Parfait, on commence quand? Il avait rapidement regardé l’homme devant lui, il avait fait son choix. Il avait signé
Maintenant. L'homme avait parlé d’un ton froid, il n’était plus l'homme rencontré en ce début de matinée. Son regard perdu dans l'horizon, le jeune homme ne savait quoi penser. Puis tout à coup, le recruteur se leva et passa une main dans ses cheveux avant de prendre la parole, pour expliquer la situation. Camille était devenu un militaire.
Qu'a t-elle dit ? Elle n'était pas franchement heureuse mais elle comprend que je dois partir. C'est mon travail. Tu sais, ça ne va pas la rendre heureuse sur le long terme. Camille, on reviendra et je pourrais la combler comme elle le mérite. seulement je te demande une faveur, s'il se passe quoique ce soit, j'ai besoin de savoir que tu seras là pour Sileas. Tais toi, tu reviendras. Et après je ne veux plus voir tes fesses sur un champ de bataille. Des paroles que Ian interpréta comme un accord tacite entre eux, comme une sorte d’arrangement. Comme prévu Camille et Ian s’envolèrent pour l’Afghanistan, au cœur du conflit qui avait repris de plus belle, qui prenait de l’ampleur, qui menaçait la sécurité. Et c’est là-bas que tout bascula.
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Malheureusement, la mission qu’ils s’étaient vu confiés en Afghanistan dura deux longues années, deux années durant lesquelles Camille changea radicalement comme Ian. Ils se soutenaient plus que jamais, se rapprochaient plus qu’ils ne l’avaient jamais été. Ils étaient des frères, de véritables frères de cœur. Deux longues années, jusqu’à ce que la délivrance pointe le bout de son nez. Ils étaient en route pour l’aéroport, leur 4x4 roulant à vive allure dans les zones désertiques de l’Orient comme si le chauffeur connaissait l’impatience de ses soldats. Une retraite en petit convoi, ils étaient tout juste dix pour ne pas attirer l’attention mais se fut tout à fait l’inverse, ils offraient une cible bien trop tentante et l’attaque ne se fit pas attendre.
Camille, vas-t-en qu’est-ce que tu fou idiot ! Je ne te laisse pas là, j’ai promis à ta femme de te ramener avec moi en entier quand tu t’es engagé, lèves tes fesses Ian, on bouge ! Camille, j’ai les jambes cassées, je ne pourrais pas me lever ! Bouges pas ! Mais entreprendre de s’enfuir à pieds, laissant derrière lui le 4x4 enflammé et les corps de ses huit autres soldats était une pure folie. Camille répugnait à laisser ses hommes mais il ne pouvait en sauver qu’un dans l’état actuel des choses et son choix ne souffrait d’aucune hésitation. Mais très vite, Camille s’essouffla, il ralentit, trébucha pour finalement s’écrouler, Ian dans les bras. Refusant pourtant d’abandonner, il se remit en marche, complètement épuisé, l’esprit embrumé par le manque d’eau, le corps affaibli par sa course effrénée pour sa survie. Il tomba une nouvelle fois et resta à terre, entendant les bruits de pas et d’armes chargées de ses ennemis qui venaient derrière lui. Il ne se souvint pas de grand-chose de ce jour-là, seulement d’une atroce douleur au crâne.